by admin | Dec 30, 2018 | Gouvernance
Depuis plusieurs mois, la Belgique croule sous les scandales de tous genres : Publifin, Samusocial et consorts sont devenus des incontournables. Des personnalités politiques ont été jetées en pâture aux citoyens. Mais, est-ce vraiment là que se situe le problème ?
Pour d’aucuns, le problème vient de personnes qui confondent les fonctions qu’elles exercent avec leur intérêt personnel mais n’est-ce pas une stratégie utilisée par les partis en place pour continuer à exister en sacrifiant quelques personnalités devenues encombrantes au passage ?
Ayant été, pendant 6 ans, Conseiller provincial, j’ai pu me rendre compte que le monde politique comportait beaucoup de personnes de qualité, mais que ces dernières étaient prisonnières d’un système qui étouffait toute velléité de changement et d’indépendance.
Prenons, par exemple, une commune moyenne où 40 000 habitants élisent 33 conseillers, ce qui implique que, pour qu’une décision soit prise, elle doive au moins recueillir l’aval de 17 d’entre eux. Et, vu que les pouvoirs publics s’occupent d’énormément de choses, le nombre de décisions à prendre pendant une mandature de 6 ans est particulièrement important… Or, on remarque que, à chaque fois, la majorité en place vote comme un seul homme, ce qui est pour le moins étrange !
LA LIBERTÉ ENTRAVÉE DES ÉLUS
Même si l’exécutif, le collège des Bourgmestre et Échevins en l’occurrence, est particulièrement soudé, il ne représente que 8 voix au sein du conseil et il lui faut encore trouver 9 autres voix pour faire passer chaque résolution, ce qui, convenez-en, est du domaine de l’impossible si chaque élu vote librement en son âme et conscience…
Et c’est là que le génie « particratique » Belge a trouvé une technique pratiquement infaillible qui permet aux dirigeants locaux de maîtriser leur majorité : d’une part, les simples conseillers communaux sont rémunérés sous forme de jetons de présence dont le montant est faible (de l’ordre de 100 € nets par mois) et, d’autre part, ces mêmes conseillers bénéficient souvent d’autres mandats, ou fonctions, nettement plus rémunérateurs, qui dépendent souvent des directions locales des partis.
Ainsi, nos braves conseillers deviendront présidents, vice-présidents ou administrateurs du centre sportif, d’une intercommunale ou, encore, d’un autre organisme, tout en sachant qu’ils n’ont pas obtenu ces mandats grâce à leurs compétences mais bien de par leur élection au sein du conseil communal… Et que, à tout moment, on pourra leur retirer, en les privant ainsi de leur source de revenus, s’ils font preuve de trop d’indépendance d’esprit !
Cette manière de faire est également très « utile » dans le cadre de la stratégie électorale car elle évite le capharnaüm qui existerait au sein d’un groupe politique si chaque membre pouvait s’exprimer librement… En effet, ce qu’on peut appeler la soumission volontaire des candidats et élus les confine de facto à mener leurs campagnes en agissant uniquement sur le relationnel qu’ils entretiennent avec les électeurs, ce qui est particulièrement chronophage et empêche même parfois d’exercer une autre profession. Si j’osais, avec une touche de cynisme, caricaturer la journée d’un élu communal, je dirais qu’elle commence par une visite au marché, pour se poursuivre avec la présence au conseil d’administration d’un organisme public où la tâche principale consistera à boire un café, suivie d’un passage sur la foire et de la présence à l’inauguration d’un nouveau commerce, pour se terminer enfin par le souper du football au cours duquel notre cher conseiller ne manquera pas d’offrir quelques bières.
UN SYSTÈME REPOSANT SUR LA PARTICRATIE
Alors que notre système institutionnel, conçu lors de l’indépendance, était particulièrement performant, les partis politiques, dont l’importance s’est notablement accrue depuis 1948, ont, au travers de nombreuses réformes, transformé fondamentalement notre Pays en professionnalisant au passage la fonction politique autrefois exercée par des citoyens agissant de manière nettement plus indépendante et libre.
Cette professionnalisation, présente jusqu’au niveau local de la commune, a eu comme effet collatéral d’éloigner les élus, qui ont de plus en plus eu intérêt à maintenir un système qui leur permet de vivre, des citoyens qui, eux, peu à peu, se désintéressent complètement de la « chose publique » en rejetant même ce monde qu’ils estiment corrompu. Et cela est extrêmement grave pour notre Démocratie car la confiance perdue mine inexorablement ses fondements.
Même si la tâche est particulièrement ardue — car les politiques et les partis feront tout pour conserver le système en place — il est plus que temps de réformer en profondeur notre système politique de manière à le remettre au service des citoyens.
Ainsi, la première chose à faire est de réduire fortement la taille des conseils communaux, tout en interdisant les rémunérations pour les mandats dérivés où, dans le meilleur des cas, ces personnes agissent comme des actionnaires. Ensuite, il serait utile d’examiner les différents domaines d’action des communes avec l’optique de voir s’ils sont utiles et s’ils ne pourraient pas, le cas échéant, être remplacés par des initiatives privées, publiques-privées, ou, encore, être exercés par d’autres niveaux de pouvoir comme, par exemple, les provinces. Les subsides spécifiques, qui compliquent fortement les dossiers tout en poussant à la dépense, devraient également être supprimés et remplacés par une dotation spécifique fixe. Enfin, le formalisme devrait être simplifié afin de rendre les décisions plus claires et compréhensibles.
En agissant ainsi, on sortirait du cercle vicieux de la professionnalisation « particratique » de la politique pour rendre le pouvoir aux citoyens qui pourraient compter sur des représentants agissant de manière nettement plus libre qu’actuellement.
Ceci n’est, bien entendu, qu’un début mais il est particulièrement important car, contrairement à beaucoup d’autres pays, l’échelon local a, en Belgique, une importance primordiale et la meilleure preuve en est que nos deux derniers Premiers ministres ont souhaité rester bourgmestres (empêchés) de leurs communes respectives.
Pour en revenir au point de départ de cet article, le problème n’est pas généré par quelques profiteurs, mais trouve son origine dans un système « particratique » dévoyé… Et on peut même se demander si, pour survivre, ce système n’a pas, volontairement, sacrifié quelques individus afin de faire diversion.
Article de Vincent Granville publié initialement sur le site de Contrepoints.
by admin | Nov 2, 2016 | Gouvernance
L’affaire Arco est un scandale d’Etat. Elle montre combien le système repose sur des achats systématiques de voix avec l’argent payé par les contribuables.
A l’origine, des mouvements démocrates chrétiens flamands, de gauche, invitent des centaines de milliers de personnes à souscrire à des parts de coopérateurs, et les fonds sont investis dans Dexia. On leur promet que leurs placements seront traités de la même manière que des dépôts en banque, alors qu’il s’agit d’une forme d’actionnariat dans des sociétés. Au passage, la démocratie chrétienne flamande s’arroge un pouvoir important à l’assemblée générale de Dexia et des mandats d’administrateurs.
Lorsqu’éclate l’affaire Dexia, et que cette banque doit être sauvée, on applique les règles juridiques normales, et les actionnaires directs de Dexia perdent leur investissement. Ils ont fait un mauvais placement et l’Etat ne vient pas à leur secours.
Les coopérateurs d’Arco sont, eux aussi des actionnaires, et il serait logique qu’ils soient traités de la même manière : ils ont aussi fait un mauvais placement, mal orientés par les financiers de l’ACW, le pilier de gauche du CD&V.
L’Etat a voulu une première fois leur venir en aide en leur octroyant une garantie, qui fut jugée contraire au droit européen. Aujourd’hui, sous l’évidente pression du CD&V, le gouvernement veut trouver une solution pour les indemniser, au moins partiellement.
Personne ne songe bien sûr à indemniser les actionnaires directs de Dexia. Il est donc clair que les coopérateurs d’Arco ne sont pas aidés parce qu’ils sont de malheureuses victimes, mais seulement parce que, parmi les victimes, ils font partie du mouvement de la gauche chrétienne flamande.
On ne pourrait mieux montrer que les contribuables sont aujourd’hui invités à payer pour tirer un parti de la coalition d’une passe difficile.
Une telle décision n’a évidemment rien à voir avec l’intérêt général, à supposer que cette notion existe. Au contraire, elle montre qu’un parti en position de force cherche simplement à venir en aide à ceux qui constituent sa cible sur le plan électoral. Le gouvernement a failli tomber, et pour le sauver, le contribuable doit payer pour favoriser une catégorie déterminée, qui a pu trouver l’appui d’un parti politique.
Et les autres partis, en s’inclinant, montrent que, pour préserver la fonction du Premier ministre et le maintien en place de ceux qui exercent le pouvoir, ils ne se privent pas de recourir à l’argent du contribuable.
Nos politiciens pratiquent constamment le clientélisme; les dépenses publiques ne se font pas en fonction de l’intérêt général, mais sont dictées par les ‘clients’ des partis au pouvoir.
Comme toujours, l’on présentera cela comme une forme de “solidarité” avec des personnes qui ont perdu une partie de leur épargne. Comme toujours, la notion de “solidarité” est utilisée au profit de certains groupes déterminés choisis par le pouvoir, bien sûr parmi ceux qui contribuent à soutenir celui-ci. C’est un exemple particulièrement parlant d’une situation qui est malheureusement généralisée : pour être aidé par l’Etat, ou tout simplement pour ne pas être victime de sa politique, il faut tenter d’obtenir un appui suffisamment important, soit par le nombre, soit par son pouvoir de nuisance.
Un groupe qui a la capacité, non seulement de faire une manifestation, mais de bloquer des routes, d’entraver la circulation, légalement ou non, ou, plus simplement, qui représente un poids électoral aisément identifiable, obtient pratiquement toujours ce qu’il veut des pouvoirs publics. En revanche, des catégories comme les épargnants, aussi nombreux soient-ils, n’obtiennent jamais rien, et voient au contraire le précompte mobilier passer en cinq ans de 15 à 30 %. Ce n’est pas parce que leurs revendications seraient moins justifiées que celles d’un autre groupe, mais simplement parce que les épargnants ne sont pas structurés, n’ont pas de relai politique, et ne manifestent jamais.
Ils sont alors la victime de la politique gouvernementale, et doivent entendre le Premier ministre annoncer que les nouveaux impôts visent ” le capital “, alors qu’elles affecteront l’épargne, c’est-à-dire, pour une grande part, des personnes qui, malgré la politique monétaire, essayent de se préserver un complément de pension digne sans devoir quémander quelque chose auprès de l’Etat. Les seuls épargnants qui obtiennent quelque chose sont ceux qui, comme les coopérateurs d’Arco, se sont rassemblés sous la bannière d’un parti au pouvoir.
Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres du mal réel qui ronge notre système : nos politiciens pratiquent constamment le clientélisme ; les dépenses publiques ne se font pas en fonction de l’intérêt général, mais sont dictées par les ” clients ” des partis au pouvoir, à tous les niveaux. Les contribuables paient tous pour les avantages accordés à ceux qui ont un poids, électoral ou autre, suffisant pour infléchir la politique gouvernementale.
Article de Thierry Afschrift, initialement publié sur le site de Trends-tendances.
by admin | Sep 5, 2016 | Gouvernance
Le drame de Caterpillar a au moins le mérite d’unir les responsables politiques, fédéraux et régionaux, et syndicaux, dans un souci d’assistance aux travailleurs dramatiquement et injustement privés de leur emploi.
On a même vu côte à côte le premier ministre et le ministre président wallon et on attend avec impatience que le chef du gouvernement fédéral annonce l’union sacrée avec le chef par intérim du syndicat socialiste.
Le premier ministre a ainsi annoncé, dans des termes que ne désavouerait sûrement pas la FGTB : “nous allons nous battre contre Caterpillar”. Voilà un bel avertissement pour les entreprises étrangères qui s’aventureraient, suite à un quelconque road show du gouvernement fédéral, à investir quelque chose en Belgique : si les choses tournent mal, le gouvernement les combattra. Si elles vont bien, il se contentera de les taxer …
On oublie un peu vite qu’il y a à peine un an, après 28 jours de grève en 18 mois, des centaines de travailleurs, excédés, de cette entreprise, manifestaient à Charleroi parce qu’ils voulaient travailler et en étaient empêchés par des piquets de grève. Le bourgmestre de la Ville ne les avait à l’époque pas reçus et personne ne les avait soutenus pour combattre le syndicat. La direction de l’usine avait alors annoncé qu’il ne faudrait pas s’étonner si un tel climat social était un jour perçu, outre-Atlantique, comme un élément de poids pour provoquer la fermeture du site de Gosselies.
Si une grande entreprise décide aujourd’hui cette fermeture, ce n’est sûrement pas par sentiment anti-wallon, ni par parti pris en faveur des travailleurs chinois et français, qui, eux, bénéficieront du transfert de l’activité de Gosselies. Il n’est pas facile, pour une telle entreprise, d’abandonner un site de production gigantesque comme celui dont elle dispose en Wallonie, et qui, dans ses comptes, est encore valorisé après amortissements à une centaine de millions d’euros. Si elle accepte le risque de perdre cet actif important, devenu improductif en raison de la fermeture, c’est tout simplement parce qu’elle considère que, même en assumant cette perte, il est préférable pour elle de produire ailleurs, non seulement dans un pays, comme la Chine, où les salaires sont beaucoup plus bas qu’en Belgique, mais même en France, qui n’est réputé être un enfer social.
C’est là tout le drame de la fiscalité belge : le travail est à ce point imposé que l’on pousse les entreprises à partir, et en tout cas à ne pas s’installer ici.
Le PTB a justement fait remarquer qu’une autre société du groupe, son centre de coordination, ne payait, en raison des intérêts notionnels, qu’un très faible taux effectif (moins de 5 %) d’impôt des sociétés. Mais ce centre peut fonctionner sans que l’on produise quoi que ce soit en Belgique, et la société qui donnait, jusqu’à présent, du travail à plus de 2.000 personnes subissait, elle, une imposition élevée. Surtout, comme tous les employeurs de Belgique, elle payait des montants de charges fiscales et sociales gigantesques sur les salaires de son personnel.
C’est là tout le drame de la fiscalité belge : le travail est à ce point imposé que l’on pousse les entreprises à partir, et en tout cas à ne pas s’installer ici. Il ne sert à rien, comme le font certains responsables politiques aujourd’hui, à affirmer qu’il faut “réindustrialiser” : le système social que tous les partis politiques protègent, celui de l’Etat providence, fait exactement le contraire.
Ce système, ce “modèle social” sanctionne délibérément le travail, sur la base de l’argument cynique que les revenus du travail sont quantitativement les plus importants. C’est ce système qui crée le chômage, auquel sont confrontés, outre ceux qui perdent aujourd’hui leur emploi, des centaines de milliers de personnes. A force de les “protéger” dans toutes les hypothèses de la vie où il peut leur arriver quelque chose, comme la perte de leur travail, on a créé une énorme machine extrêmement coûteuse, qui dissuade patrons belges et étrangers de donner du travail.
Les dirigeants en ont alors été réduits à jouer les voyageurs de commerce, pendant des années, non pas même pour inciter des entreprises étrangères à investir dans notre pays, mais à promouvoir des centres de coordination et des intérêts notionnels, qui créent très peu de richesses en Belgique, et ne donnent de travail à presque personne, tandis que les gens qui travaillent, et les entreprises qui créent vraiment de la richesse, restaient soumises aux impôts, et aux cotisations sociales parmi les plus élevés au monde.
Ce n’est pas en proposant aujourd’hui encore plus d’assistanat, encore plus d’ “aides” que cela peut changer. Mettre encore plus de quelque chose qui n’a pas fonctionné n’a jamais été une voie vers le succès. C’est ce système, celui de l’Etat Providence qu’il faut remettre ne cause, en réduisant d’un même élan les charges des entreprises et le rôle des pouvoirs publics pleurnicheurs et inefficaces.
Article de Thierry Afschrift, initialment publié sur le site de Trends-tendances.
by admin | Feb 28, 2016 | Gouvernance
La mauvaise qualité des infrastructures routières est la partie émergée d’une économie à la dérive.
La Belgique est considérée comme le pays du surréalisme, mais s’il est un domaine où elle excelle, c’est celui du surréalisme politique. Malheureusement, cela se traduit le plus souvent par une gestion calamiteuse des deniers publics qui sape à la fois notre tissu économique et les liens sociaux qui en découlent. Au bout du compte, ce sont toujours les citoyens qui en subissent les conséquences.
Depuis quelques jours, nous découvrons via la presse, les exploits de la classe politique : le viaduc Reyers détruit pour cause de mauvais entretien, les tunnels Stéphanie, Montgomery, Pacheco fermés pour des raisons de sécurité.
La mauvaise qualité des entretiens des infrastructures routières de la région bruxelloise est la pointe émergée de l’iceberg qui contribuera à couler durablement l’économie qui brille déjà par ses taux de chômage particulièrement élevés.
L’impact des embouteillages provoqués par l’incompétence de la classe politique aura des conséquences négatives tant sur l’emploi que sur la qualité de l’air et donc sur la santé des habitants de la région.
Il est étonnant que dans un pays comme la Belgique où les accises sont si élevées sur les carburants que l’affectation de ces ressources n’aillent pas entretenir les infrastructures concernées.
Le parquet doit se saisir de l’affaire
Nous considérons qu’une commission parlementaire, où la quasi-totalité des partis ont été si proches de ce dossier au fil des différentes législatures, n’est pas légitime pour analyser objectivement cette situation. Comble de l’ironie, le président de cette commission n’est autre que l’ancien président de l’exécutif de la région bruxelloise pendant les périodes incriminées ; nous considérons cette commission comme déontologiquement et moralement inacceptable.
Devant l’incapacité chronique de la classe politique à prendre ses responsabilités, c’est dans ce contexte et au vu de leurs impacts extrêmement négatifs sur le quotidien des citoyens et des entreprises que le Parti Libertarien demande officiellement au parquet fédéral de se saisir urgemment du dossier, afin de mettre un terme à la soviétisation de notre économie.
Étant attaché aux fonctions régaliennes de l’État, le Parti Libertarien demande au troisième pouvoir de l’État de se saisir du dossier dans les délais les plus brefs, d’y faire la lumière et de poursuivre le cas échéant les responsables politiques.
Article d’Alexis Grabinszky publié initialement sur le site de Contrepoints.