Coups de griffe de l’ours : Les impôts rapportent ? Un biais langagier

Sans cesse, la presse nous rapporte que des partis politiques, pratiquement tous, annoncent qu’une mesure figurant dans leur programme électoral va « rapporter » un certain nombre de milliards, ou de centaines de millions.

La réalité est qu’un impôt ne rapporte jamais rien dans son ensemble. Tout ce qui est perçu par l’Etat, ou un autre pouvoir, est toujours payé par quelqu’un, c’est-à-dire les contribuables.

La réalité peut être exprimée tant par les termes « l’impôt va rapporter » que par « l’impôt va coûter ». C’est seulement une question de prise de position dans le débat.

Il est donc tout aussi légitime de dire « l’impôt va coûter » que « l’impôt va rapporter ».

Ce qui, par contre, est édifiant, c’est que la totalité des partis politiques utilise toujours les termes « l’impôt va rapporter », et qu’il en est de même de tous les journaux.

Voici donc un des éléments du problème belge : tout est toujours apprécié en fonction des intérêts du Pouvoir, l’Etat, et au détriment des contribuables, parce que tant les partis politiques que les journalistes se placent systématiquement du côté de ceux qui lèvent l’impôt, au détriment de ceux qui créent les richesses.

Lorsqu’on constate une telle mentalité, on se rend compte de la raison profonde pour laquelle les impôts ne cessent d’augmenter.

L’ours mal léché

Article publié initialement sur le site d’Idefisc en juin 2024

Coups de griffe de l’ours – Un emprunt taxé est un emprunt raté

En septembre dernier, l’Etat belge avait émis un emprunt, destiné au public, qui avait connu un énorme succès.

Les 24 milliards recueillis avaient été présentés comme un succès – sans doute le seul de sa carrière ministérielle – du ministre des finances.

En réalité, il était assez facile pour l’Etat de recueillir de gros capitaux, lorsqu’on offre un rendement fixe entièrement détaxé, dans un pays où tous les autres placements de ce type sont lourdement imposés à 30 % …

Aujourd’hui, obligé à plus d’orthodoxie, le ministre a dû émettre un emprunt au taux brut de 3 %, mais soumis au précompte mobilier de 30 %, ce qui donnait un modeste rendement net de 2,10 %.

Celui-ci doit être comparé à l’inflation, dont le taux actuel est de 3,20 %.

En d’autres termes, celui qui souscrit à cet emprunt perd de l’argent. Ou, exposé d’une autre manière : l’épargnant s’appauvrit en prêtant à l’Etat à 3 %, alors que l’inflation est de 3,20, mais cela n’empêche pas l’Etat de les taxer quand même. Notre système revient donc, systématiquement, à taxer des revenus fictifs.

On s’obstine, dans les milieux politiques, à affirmer que les revenus du « capital » sont favorisés par rapport aux autres revenus. C’est tout simplement faux : la politique fiscale suivie consiste toujours à appauvrir l’épargnant.

L’ours mal léché

Article publié initialement sur le site d’Idefisc en mars 2024.