Cent milliards de dollars… du Zimbabwe

Cent milliards de dollars… du Zimbabwe

Le drame de l’hyper-inflation au Zimbabwé.

Venu spécialement de Chicoutimi pour assister à la matinée climato-réaliste de vendredi dernier, l’ami Reynald m’a procuré une émotion inattendue hier soir en sortant de son portefeuille un étonnant billet de banque.

Ce billet de cent milliards de dollars zimbabwéens témoigne du pic d’hyperinflation que le Zimbabwe a subi en 2008. Sa valeur a toujours été pratiquement nulle : quelques mois après son émission, on l’aurait échangé pour environ 2 centimes d’euro.

L’année d’émission du billet a été celle où l’inflation a été la plus impressionnante, avec un taux difficile à évaluer (le taux officiel ayant peu à voir avec le taux réel), en tout cas bien supérieur à celui, déjà irréel, de 1 000 000 % projeté pour cette année au Venezuela. Il faut remonter à l’Allemagne de 1923 et à ses billets de cinquante mille milliards de marks, ou à la Hongrie de 1946 et ses billets de cent millions de milliards de pengő pour trouver des exemples encore plus élevés.

L’INCURIE DES DIRIGEANTS ZIMBABWÉENS
Bien sûr on pourrait faire des blagues avec ce billet, par exemple en l’offrant au Fonds vert pour le climat qui prévoit justement un budget de cent milliards de dollars. Mais ce serait oublier le drame catastrophique qu’a représenté l’événement dont il est l’expression, l’appauvrissement généralisé auquel il a conduit les Zimbabwéens à cause de l’incurie de ses dirigeants.

Un cas de catastrophe exponentielle médiatiquement moins porteur que les tipping points du dernier rapport spécial du GIEC, mais dont la principale différence est le caractère réel et non fantasmatique.

Article de Benoît Rittaud publié initialement sur le site de Contrepoints.

Nous sommes tous lobbyistes, hélas !

Nous sommes tous lobbyistes, hélas !

Une nouvelle crise majeure menace l’Europe. Elle pourrait être déclenchée par l’Italie ou les banques espagnoles, très exposées aux pays émergents.

En Europe, la prochaine crise pourrait être déclenchée par l’Italie ou les banques espagnoles, très exposées aux pays émergents.

En Italie, le budget du nouveau gouvernement est attendu avec fébrilité, mais il a juré la main sur le cœur qu’il respecterait les critères budgétaires (ce que ne fait pas la France).

Le taux d’emprunt à 10 ans du pays dépasse maintenant 3 %, un niveau qui ferait exploser les finances publiques françaises, preuve malgré tout d’un certain scepticisme.

L’Italie doit encore emprunter 63 Md€ d’ici à la fin de l’année pour « rouler sa dette » et financer son déficit.

LES BANQUES EN ESPAGNE
Côté Espagne, les banques sont très impliquées avec les pays émergents (Turquie, Argentine, Brésil), eux-mêmes empêtrés dans leur dette américaine du fait de la hausse du dollar.

Selon la Banque des règlements internationaux, les banques espagnoles sont impliquées à hauteur de 82,3 Md$ avec la Turquie ce qui est plus que l’exposition de la France, des États-Unis et du Royaume-Uni qui est au total de 75 Md$. Pour mémoire, le récent sauvetage de l’Espagne lors de la crise de la dette en euro avait nécessité l’injection de 100 Md$.

Voilà deux bonnes raisons pour que Mario Draghi fasse encore « tout ce qu’il faudra »… pour nous ruiner.

Pour le moment, malgré ces petits nuages, l’humeur des marchés reste au beau fixe et tout le monde s’extasie sur la croissance américaine, feignant d’oublier qu’elle est largement inférieure à la croissance de la dette américaine.

LA DETTE COMME ÉLÉPHANT DE COMPAGNIE
Pourtant, comme le dit Bill Bonner :

« La dette est comme un éléphant de compagnie. Il faut la nourrir. Elle est peut-être engendrée par l’industrie financière, mais c’est le reste de l’économie qui doit porter le fourrage et nettoyer la cage »

Dur, dur, de nourrir un éléphant qui n’en finit pas de grandir à une vitesse vertigineuse.

Que faudrait-il faire pour maîtriser le problème de la dette ? Le FMI, la BCE, la Commission européenne prétendent avoir des idées mais finalement, aucune ne marche. En fait, la seule solution serait de réduire le gouvernement et donc les dépenses.

Ce week-end j’étais en Normandie, dans l’Eure, et je suis tombée sur une amusante construction.

Mairie d’Herqueville

« Cette mairie est désaffectée ? ai-je demandé à mes hôtes.

– Oui, il y en a une autre, maintenant, bien plus grande, m’ont-ils répondu.
– Mais le village a grossi ?
« Non, plutôt le contraire… »

L’ARGENT DES AUTRES
Pour faire éclore de grandes idées au sein d’un grand conseil municipal, recevoir des lobbyistes, chasseurs, agriculteurs, industriels locaux, artisans, commerçants… quoi de mieux que de grands bâtiments.

Les problèmes commencent quand chacun croit que le gouvernement résoudra ses problèmes, si possible avec l’argent des autres.

Malheureusement, la solution « minarchiste » – qui refuse tout interventionnisme s’adressant à une catégorie spécifique – n’est pas populaire, loin s’en faut.

« Nous sommes tous des lobbyistes », titrait récemment un éditorial des Échos (signé d’une professionnelle du domaine). C’est bien le malheur.

Les Échos du 30 août 2018 :

Article de Simone Wapler publié initialement sur le site de Contrepoints.

Hémorragie industrielle en Belgique

Hémorragie industrielle en Belgique

Il n’y a pratiquement plus un jour sans qu’une grande entreprise sise en Belgique n’annonce une fermeture ou une restructuration et la suppression d’un nombre conséquent d’emplois. Que faire ?

Depuis l’annonce, il y a deux semaines, de la fermeture du site du constructeur américain d’engins de génie Caterpillar et la perte de 2.200 emplois à Gosselies, il n’y a pratiquement plus un jour sans qu’une grande entreprise sise en Belgique n’annonce une fermeture ou une restructuration et la suppression d’un nombre conséquent d’emplois : Axa (réinventons l’assurance, suppression de 650 emplois), P&V (avec vous, quoi qu’il arrive, autre assureur, 300), MS Mode (vêtements féminins, 220), Printing Partners (158), Jacobs Douwe Egberts (torréfaction de café, 274), Dana (métallurgie, 40), Eurostation (filiale de la compagnie nationale des chemins de fer, 40), CP Bourg (équipements et machines de bureau, 48), Halliburton (services pétroliers, 50)… C’est un peu comme si les autres avaient attendu qu’un grand se décide pour suivre un mouvement qui, une fois la partie de dominos lancée, risque de ne pas s’arrêter de sitôt.

LA BELGIQUE VICTIME DE SON APPAREIL D’ÉTAT
La Belgique paie le prix de son incurie. Elle est desservie par la complexité et le coût pharaonique de son appareil d’État (même le Président de la Chambre des représentants – l’une des assemblées du Parlement fédéral —, Siegfried Bracke, le reconnaissait sur les ondes de Bel-RTL), l’emprise des mouvements syndicaux sur la vie économique et publique et les blocages multiples et divers qui en résultent à tous les échelons, les contraintes et les charges exorbitantes qui pèsent tant sur le travail que sur le capital et sclérosent l’initiative privée que ce soit en matière de consommation ou d’investissement.

Dans son index 2016 de la liberté économique, la Heritage Foundation classait la Belgique à la 44e place, parmi les pays « modérément libres », loin derrière d’autres « petits » pays « essentiellement libres » et membres de l’Union européenne comme l’Irlande (8e), l’Estonie (9e), le Danemark (12e), la Lituanie (13e), les Pays-Bas (16e), le Luxembourg (19e), la République tchèque (21e), la Finlande (24e), la Suède (26e), l’Autriche (28e), la Lettonie (36e)… La Belgique partage le privilège de faire partie du même compartiment en matière de liberté économique que, entre autres, l’Espagne (43e), la France (75e) et l’Italie (86e). (C’est curieux : les quatre figurent aussi parmi les plus endettés de l’Union…) Pour ce qui est de la liberté économique, le Royaume Uni est 10e et l’Allemagne, 17e.

LE PROBLÈME GÉOGRAPHIQUE DE LA BELGIQUE
L’exiguïté de son territoire constitue un handicap supplémentaire pour la Belgique. Aux yeux d’un industriel, s’il doit choisir entre deux économies « modérément libres » (la France et la Belgique en ce qui concerne Caterpillar), autant qu’il opte pour la plus grande des deux, la dimension du marché domestique lui procurant normalement un rendement supérieur. Quant à un nouvel investisseur cherchant à s’installer dans l’Union européenne, il aura tout intérêt à le faire soit en Allemagne dont l’économie est la plus grande et l’une des plus libres d’Europe, dès lors que le Royaume Uni qui précède l’Allemagne au classement de la liberté économique devrait quitter l’Union, soit dans un petit pays plus ouvert que la Belgique sur le plan économique, telles que l’Irlande ou l’Estonie.

Plutôt que de se lancer dans la surenchère dialectique de type marxiste (réquisition, confiscation, punition… que n’a-t-on entendu ?) ou de vainement pousser des cris d’orfraie et de faire leur Calimero dans les médias, s’il reste des hommes d’État aux différents niveaux de pouvoir en Belgique, qu’ils se démarquent du clientélisme et de la culture de la haine que d’autres y entretiennent pour seul programme, se défassent de la pusillanimité générale qui y règne et promeuvent d’urgence les mesures de flexibilité du travail au niveau des petites et moyennes entreprises, seules susceptibles d’assurer une relance économique par la régénération de l’activité. À cette fin, la Belgique « fédérale » pourrait utilement s’inspirer de l’exemple de la Confédération helvétique, seule en Europe à figurer parmi les cinq pays entièrement « libres » sur la liste de la Heritage Foundation.

Article de Thierry Godefridi publié initialement sur le site de Contrepoints.