La parution en édition de poche au printemps de ce pavé de David Graeber consacré à l’histoire de la dette, outre le fait qu’il s’agit d’un trésor d’érudition, constitue une piste de réflexion par rapport à l’évolution de nos sociétés, dans lesquelles l’endettement a été en quelque sorte banalisé jusqu’à l’extrême. Mais l’auteur y démontre de manière limpide que ce phénomène très ancien, antérieur même à la monnaie, a toujours été lié aux problématiques du pouvoir, et pour celui-ci, un moyen de se maintenir, et par là de contenir les débiteurs dans un état de soumission.

On ne peut s’empêcher de penser, à la lecture de celui-ci à l’Empire des dettes, de William Bonner et Addison Wiggin, paru en 2005 et dans lequel il annonçait le désastre à venir.

Les sociétés occidentales croulent sous les dettes, tant publiques que privées, et ces dernières pourraient bien encore se révéler explosives dans les années qui viennent.

David Graeber, Dette : 5 000 ans d’histoire, Actes Sud, 667 pages.

Pierre-Yves Novalet.