Se faire traiter de connard par un élu communal, voilà qui nous paraît incongru, et c’est pourtant ce qui vient d’arriver à un habitant de Lustin.

Qu’avait-il bien pu faire pour en arriver là ?

Pas grand chose, en fait : il s’était seulement permis de se plaindre des travaux de déneigement des routes dans sa commune en ces temps de grands froids.

Tout citoyen a le droit de demander compte aux agents publics de leur administration et c’est donc ce que Jean-Marc Demoulin a fait en adressant un mail circonstancié au service des travaux de Profondeville, la réponse qu’il a reçue s’est résumée à ces quelques mots :« conard de la part de Strphan Tripnaux »

Au vu de l’orthographe pour le moins sommaire de ces quelques mots, on aurait pu croire en une mauvaise blague ou a une utilisation frauduleuse de la messagerie électronique de l’échevin, mais pas du tout :  il persiste et signe dans sa réponse à un journaliste :

« Dans son courrier, ce monsieur s’est permis de critiquer mes hommes. Or ceux-ci travaillent jour et nuit pour déneiger les routes.De plus, cet habitant de Lustin se permet d’émettre des critiques alors qu’il ne vit que trois mois par an dans sa maison. Mais je ne suis pas le seul à avoir réagi durement à ce courrier électronique. Le secrétaire communal lui a également envoyé une réponse assez sèche mais je ne m’excuserai jamais »

Cette réponse donne froid dans le dos : non seulement Stéphan Tripnaux confirme ses écrits, et le mépris qu’il a pour la population qu’il est censé représenter, mais en plus, il émet des jugements de valeurs totalement déplacés sur le mode de vie du contribuable concerné.

On peut comprendre que le travail des services en question soit difficile en ces temps de fêtes, et que les conditions climatiques des dernières semaines aient été particulièrement pénibles, mais il n’en demeure pas moins qu’assurer la sécurité de la population fait partie de la raison d’être des Autorités publiques, et que c’est à ce titre qu’elles lèvent l’impôt.

L’oublier, c’est faire table rase des acquis de 1789 et revenir à la situation de l’Ancien Régime, où la dîme était due à une caste privilégiée, sans aucune contrepartie légitime.

Pierre-Yves Novalet