Que faire quand les prix de quelque chose d’aussi essentiel que l’électricité augmentent ? La réponse toute trouvée de certains gouvernements : fixer ces prix eux-mêmes… et tant pis pour les conséquences économiques…

Comme nous l’avons vu hier, les prix à la consommation devraient être affichés en hausse de 15% et les prix à la production aux environs de 20%, quand bien même les chiffres officiels annoncés sont de 7 et 9,7% respectivement.

Dans cette situation, les entreprises n’ont pas beaucoup le choix. Elles doivent augmenter leurs prix, sinon elles perdraient de l’argent.

Et donc, les responsables qui dirigent le gouvernement et impriment de l’argent doivent prendre une décision : stopper l’inflation ou bien mentir à son propos.

Naturellement, ils choisissent de mentir. Qui est coupable de la hausse des prix ? Pas les gens qui contrôlent la monnaie ! Non… ce sont l’avidité des entreprises, les perturbations des chaînes d’approvisionnement, le Covid…

Même si toutes ces choses jouent un rôle, c’est plutôt à celui de second couteau dans le braquage d’une banque. L’une conduit la voiture permettant de fuir et une autre fait le guet.

Mais le vrai boulot, c’est l’Etat qui l’accomplit : il perce le coffre du pays… injecte des milliers de milliards dans la masse monétaire… et les répartit au sein de l’économie via les dépenses financées par le déficit.

Ensuite, quand les prix augmentent, il tente de les faire baisser avec des badges « Whip Inflation Now »… accuse les entreprises de « faire des bénéfices excessifs »… et dans ses démarches les plus idiotes et dommageables, tente de contrôler les prix directement.

Les leçons de Paris, au nord comme au sud

Ici – comme avec les « pass sanitaires » – le président de la République française, Emmanuel Macron, a mené ses troupes dans Moscou. C’est la « guerre », a déclaré le nouveau « petit Caporal ».

Le mois dernier, il a fait savoir que les consommateurs pouvaient être tranquilles, cet hiver : le gouvernement allait empêcher les producteurs d’énergie avides d’augmenter leurs prix. Ce qui a fait plonger les actions d’EDF : le titre a perdu un tiers de sa valeur, par rapport au mois précédent.

Voilà quelque chose qui sort tout droit de la méthode de la Pampa.

Notre confrère Joel Bowman, qui se trouve à Buenos Aires en ce moment, offre le commentaire suivant :

« Eh bien… ces gens devraient dépêcher une mission d’information au Paris de l’hémisphère Sud !

Ici, le gouvernement populiste Kirchnerista a subventionné le prix de l’eau et de l’électricité pendant des années, une sorte de ‘brioche pour le peuple’. Il n’est pas étonnant que des infrastructures autrefois saines soient tombées en décrépitude. Personne ne voulait investir, étant donné les rendements négatifs. Et donc, il n’y a eu aucun investissement…

Alors quand des coupures d’électricité intermittentes frappent la ville – chaque année à cette époque, quand tout le monde puise dans le courant – les ‘K’ ressortent leur ancienne méthode, et reprochent aux ‘méchantes entreprises’ de faire grimper les prix et de profiter des pauvres.

Voici (ci-dessous) une photo d’une facture bimensuelle d’électricité, émise par Edenor. Elle s’élève à 2 431 pesos pour deux mois de consommation. Selon le taux de change officiel, cela équivaut à environ 24 $, au total. Si l’on applique le taux de change officieux (en changeant des dollars contre des pesos au noir, c’est-à-dire sur le marché libre), c’est beaucoup moins : environ 3 $ par mois.

Malheureusement, et comme les Argentins l’ont découvert après des années de contrôles des prix, de subventions et de négligences, au bout du compte, ce que l’on reçoit est proportionnel à ce que l’on paye : ‘No hay almuerzo gratis’ [NDLR : équivalent espagnol de ‘there is no free lunch’, expression idiomatique signifiant que rien n’est jamais gratuit]. »

(Source: Edenor Traduction : Consumo con subsidio del estado nacional – Consommation subventionnée par l’Etat national).

Mais attendez. Il y a une grande différence entre l’Argentine et les Etats-Unis. Des hémisphères différents. Des langues différentes. Et des monnaies différentes.

Peut-être que les lois financières qui ont conduit Dioclétien et les Argentins à leur perte ne s’appliquent pas à tout le monde ?

A suivre…

Article de Bill Bonner paru initialement sur le site La Chronique Agora.